Valentin nous parles de son parcours, ses projets et ses rêves. Un Ténor à suivre de très près !
Peux-tu présenter ton parcours? Et comment as-tu pris le chemin de l’opéra et de la musique en général ?
J’ai un parcours un peu atypique pour un artiste lyrique. Car je n'étais pas du tout destiné à faire de la musique plus jeune. Personne dans ma famille n’a jamais été dans le milieu musical. Ils apprécient et s’intéressent à la musique classique comme 99% des gens. Mais ils n’étaient jamais allés à l’Opéra. Quand j’étais adolescent j’ai commencé à écouter des disques de Pavarotti, je regardais également des vidéos de lui sur YouTube. Une passion secrète est née. Mais je savais pertinemment que ce milieu m’était inaccessible. J’ai commencé à prendre des cours de chant à 14 ans dans le sud de la France (à Sanary sur Mer), mais il s’agissait d’une formation globale (variété essentiellement et un peu de chant lyrique). Cette passion du chant ne m’a jamais quitté mais cela restait un passe temps, quelque chose de secondaire en marge de mes études.
J’ai donc continué mes études, obtenu mon bac, mon BTS en Design de Produits. Et à l'âge de 19 ans j’ai fait une rencontre qui a changé ma vie. Il s’agit de Frédéric Jean, Baryton à L’Opéra de Toulon. C’est mon professeur depuis le début. C’est lui qui à fait toute ma technique vocale, ma culture de l’Opéra et qui m’a révélé cet amour profond pour le chant. Tellement que j’ai eu un doute, et si je tentais ma chance de devenir chanteur d’Opéra ? J’ai donc annoncé à mes parents que je voulais commencer le conservatoire à Aix-en-Provence en 2014. Je n’avais aucune formation musicale, je ne connaissais rien au solfège. J’avais simplement « une voix », ce qui peut faire beaucoup de choses…Je suis donc entré au conservatoire comme Ténor dans la classe de Patricia Schnell. Je n’ai jamais arrêté de travailler avec mon professeur Frédéric Jean même pendant mon conservatoire. J’ai donc fait mes classes, cycle 1,2,3 et cycle spécialisé (pré-professionnel).
Et en 2018, j’ai été nommé prix Gabriel Dussurget (jeune espoir lyrique). Ce même prix m’a été remis par le grand José Van Dam, Baryton-Basse Belge. Il donnait une masterclass à laquelle j’ai participé et assistait le soir au concert avec l'orchestre dans lequel je chantais pour recevoir ensuite mon prix. A la suite de ce concert, durant le cocktail, José m’a proposé de venir étudier à La Chapelle Musicale Reine Elisabeth à Waterloo en Belgique. Il s’agit d’une formation pour jeune artiste lyrique (comme un opéra studio). J’ai donc accepté avec grand plaisir. J’ai pu travailler avec des artistes de renom durant cette formation comme Sophie Koch, Helmut Deutsch, Jocelyne Dienst et bien d’autres. En 2019, j’ai participé au 52ème concours international d’Opéra de Théâtre du Capitole à Toulouse, sur les bons conseils de José, et j’ai obtenu le 2ème prix. Cet évènement à été un immense tremplin dans ma carrière. Et le directeur du Capitole, Christophe Ghristi m’a donné plusieurs rôles dont mon premier Tamino en décembre dernier. A la suite de cela, une masterclass à été organisée à La Chapelle Musicale et des agents sont venus de Londres pour parler avec les artistes de la gestion d’une carrière etc. José m’a organisé une audition avec deux des agents présents. C’est donc comme cela que j’ai pu signer avec l’agence Londonienne Harrison Parrott. Et je suis avec eux depuis 3 ans maintenant. Je ne peux pas être plus heureux de cette collaboration. J’ai terminé ma formation à La Chapelle Musicale en 2021 après 3 ans. Et je donnerai mon Artist Diploma, récital de fin de résidence, le 21 Septembre prochain, accompagné par Sophie Raynaud au piano. Voilà pour mon parcours, riche en rebondissements ! J’ai beaucoup travaillé et je me suis donné les moyens d’y arriver mais j’ai eu sur mon chemin une multitude d’êtres formidables qui m’ont soutenus et ouverts énormément de portes. C’est un métier extrêmement difficile où il y a beaucoup d’appelés mais très peu d’élus.
La chance à un rôle immense dans une carrière mais on ne peut pas aller loin sans talent et sans travail.
Quel rôle t’a le plus marqué jusqu’à présent ?
Le rôle m’ayant le plus marqué jusqu’à aujourd’hui est sans doute le rôle de Don José dans Carmen. J’ai pu chanter ce rôle en intégralité en 2019 dans une version piano/voix de Carmen. Et l’investissement vocal et scénique que demande ce rôle est sans pareil. J’étais plus jeune et n’avais sans doute pas la maturité vocale d’aborder un rôle comme celui-ci mais je me suis tout de suite identifié à ce personnage. a quel point on peut devenir fou par désir et par amour (même si je suis très loin dans la réalité de ce qu’est Don José ahah). On va au bout de soi-même avec un rôle comme celui-ci et on ne peut pas le chanter à moitié. C’est organique et charnel. Et l’incroyable musique de Bizet vous porte en ce sens. J’espère avoir l’occasion de le chanter à nouveau dans les prochaines années. C’est un rôle qui m’appelle et je pense être légitime en l’interprétant.
Quel est ton plus grand rêve dans ce métier ?
De pouvoir faire ce que je fais du mieux que je peux et surtout le plus longtemps possible !!! Avec toujours autant de passion et d’amour. Et plus sérieusement, je rêve de pouvoir chanter un jour au Metropolitan Opéra de New-York, c’est un rêve depuis toujours…Une scène mythique où sont passés les plus grands. Si je pouvais faire un grand rôle du répertoire Français au Met ce serait la consécration. Toute ma famille viendrait en avion, je serais le plus heureux.
Comment prends-tu soin de ta voix au quotidien? As-tu des rituels avant de monter sur scène ?
Alors mon reflex principal, comme pour 99,9% des chanteurs, c’est de contrôler si la voix est bien là le matin, les jours de concert, ça peut même commencer alors que je suis encore au lit. Juste faire quelques sons. En général on sait tout de suite si la journée sera difficile vocalement ou pas. Ensuite, je me lave souvent les sinus au sel de mer pour dégager toutes les mucosités présentes durant la nuit. C’est radical. Et puis commence la journée classique, quelques vocalises, travail sur table, puis travail vocal plus intensif. L’été, je fuis la climatisation au maximum (ennemi numéro 1 des chanteurs). En Automne et en Hiver, je ne sors jamais sans écharpe. C’est le prolongement de moi-même. Pas de rituel particulier avant de monter sur scène si ce n’est manger une banane, essayer de se détendre au maximum. Je fais souvent les 100 pas quand la pression monte donc je préfère m'asseoir pour éviter d’ennuyer les collègues.
Quels sont tes loisirs en dehors de ton métier ?
J’ai depuis plusieurs années une immense passion pour le cinéma. Je collectionne les films et je vais souvent au cinéma quand mon agenda me le permet. Sinon, je suis quelqu’un de très manuel, toujours en train de bricoler, réparer etc. Et puis, le sport ! J’habite à 5min de la mer donc je vais souvent faire du paddle, ou courir. Comme tout le monde, j’adore les voyages mais j’ai la chance d’avoir un métier qui me fait voyager tout le temps.
Quelles sont tes dernières découvertes culturelles ?
J’étais récemment en Corse pour faire une version réduite de Cosi Fan Tutte, et la veille de notre concert, le festival à programmé un groupe Corse du nom d’Attallà, et c’était très intéressant d’entendre tout un concert de chants traditionnels Corses. Il y’a une culture vraiment forte et omniprésente de ces chants. Une vraie fierté régionale.
Quels sont tes prochains projets ?
Très prochainement je chanterai le rôle de Pinkerton dans une version de poche de Madame Butterfly accompagné au piano pour le Festival de Durance Luberon. Puis je chanterai le rôle de Nadir dans le cadre du concours des chefs d’orchestre à l’Opéra royal de Wallonie à Liège, Belgique. La saison qui m’attend est extrêmement chargée. Je vais faire mes débuts dans plusieurs maisons d’Opéra et dans différents pays mais également de nombreux concerts avec Orchestre. Mes débuts à Athènes en Grèce en Octobre prochain avec un Opéra en version concert. Puis « Si j’étais roi » à l’Opéra de Toulon. « Fidelio » à l’Opéra de Nice en décembre, « Tristan un Isolde » au théâtre du capitole de Toulouse, « Iphigénie en Tauride » à l’Opéra de Montpellier et puis mes débuts à Glyndebourne en Angleterre à l’été 2023.