Originaire de Martinique, Livia Louis-Joseph Dogué découvre le chant lyrique en participant au concours Voix des Outre-Mer. Elle remporte par la suite plusieurs prix au concours Prodiges, au concours Jeunes Espoirs Raymond Duffaut et s'illustre parmi les finalistes du concours Voix Nouvelles 2023. Livia sera en juin 2026 sur la scène du théâtre des Champs-Élysées dans le rôle de Clara (Porgy & Bess). Découvrez son parcours, ses aspirations et ses futurs projets.
Pouvez-vous vous présenter et nous parler de votre parcours artistique ?
Je m’appelle Livia Joseph-Dogué, je suis soprano, j’ai 22 ans et je suis originaire de la Martinique. Mélomane depuis mes trois ans grâce à mon père qui m’a initiée à la musique, j’ai toujours chanté du R&B, de la pop, de la soul avec un répertoire allant de Rihanna à Whitney Houston, en passant par Bob Marley ou Lionel Richie. À 11 ans, j’ai intégré une chorale religieuse, avant de poursuivre le chant de façon totalement autodidacte. C’est en participant au concours Voix des Outre-Mer que j’ai découvert ma voix lyrique. J’ai obtenu en 2019 le prix Jeune talent ce fut un tournant décisif dans ma vie. J’ai décidé de me consacrer pleinement à l’opéra un art qui combine la voix et le jeu scénique, deux éléments que j’aime profondément. Depuis, j’ai participé à plusieurs concours : la saison 6 de Prodiges dans la catégorie chant, le concours Jeunes Espoirs Raymond Duffaut, j’ai remporté le prix étudiant, ou encore le concours Voix Nouvelles (prix du public). En parallèle, j’ai suivi plusieurs masterclasses internationales, notamment avec Opera for Peace en Italie et à Paris, aux côtés de Thomas Hampson, Sumi Jo, Brian Jagde, Étienne Dupuis… J’ai aussi complété ma formation en participant à des formations en Allemagne et à Oman sous la direction de Thomas Hampson.
Comment avez-vous pris le chemin de l’opéra et de la musique en général ?
J’ai grandi dans une famille de mélomanes, ouverte à toutes les musiques : caribéennes, américaines, françaises… Le chant est né naturellement de cette passion partagée avec mon père. Nous chantions ensemble pour le plaisir, sans formation, lui à la guitare et moi à la voix. Je ne me destinais pas à l’opéra, et j’avoue que moi non plus je ne m’y attendais pas ! Mar rencontre avec le répertoire lyrique s’est faite grâce au concours Voix des Outre-Mer, dirigé par Fabrice Di Falco et Julien Leleu lors de la première édition de ce concours.
Quel est votre premier souvenir d’opéra ?
N’ayant pas eu un parcours classique en Conservatoire, et n’ayant jamais vu d’opéra en Martinique, mon premier souvenir d’opéra fut assez récent. J’ai découvert Don Carlo de Verdi lors d’une visite à l’Opéra Bastille. Ce fut un choc, une révélation artistique ! Ce jour-là j’ai eu la chance de rencontrer Roberto Alagna, Anita Rachvelishvili et René Pape Un moment suspendu, gravé à jamais !
Qu’est-ce qui vous plait dans l’opéra ?
Dans l’opéra, j’aime que chaque rôle soit pensé pour une voix. C’est, à mes yeux, une forme suprême d’amour et de reconnaissance artistique. L’osmose entre la voix et l’orchestre, la précision de chaque note, rien n’est laissé au hasard.J’aime aussi la rigueur que cela demande, l’exigence constante, le dépassement de soi. L’opéra nous pousse dans nos retranchements, et nous révèle.
Quel est, selon-vous, le rôle d’un artiste lyrique dans notre société actuelle ?
Pour moi, l’artiste lyrique d’aujourd’hui se doit d’être proche de sa communauté, accessible notamment avec les réseaux sociaux et ouvert à tous les publics. Il ne s’agit plus seulement de chanter dans les grandes maisons d’opéra, mais aussi de montrer que cet art est pour tout le monde. Il est essentiel de décloisonner cette image élitiste de l’opéra. Beaucoup d’œuvres classiques parlent de thèmes profondément actuels : société, politique, relations humaines… L’artiste peut, à travers son art, susciter des questionnements, éveiller des consciences.
Pouvez-vous nous parler de vos prochains projets ?
Je suis très heureuse d’incarner de nouveau Micaëla, cette fois-ci à l’amphithéâtre de Bastille, le 30 juin 2025. Je participerai également au Festival d’Avignon, du 1er au 14 juillet 2026. Mais l’un de mes plus grands projets à venir est mon interprétation du rôle de Clara dans Porgy and Bess de Gershwin, au Théâtre des Champs-Élysées, le 30 juin 2026, aux côtés d’artistes exceptionnels comme Pumeza Matshikiza ou Marie-Laure Garnier.
Avez-vous un répertoire de prédilection ? Un rôle que vous révez d’interpréter ?
Sans hésitation, mon répertoire de cœur est le romantisme. Je suis une fan absolue de Puccini. Mon rêve ? Interpréter Turandot ou Aïda de Verdi. Deux rôles puissants, exigeants, et d’une beauté rare.
Quelles sont vos dernières découvertes culturelles ? Un film, un livre, un artiste à nous partager ?
Je ne peux pas ne pas mentionner Rihanna, mon idole de toujours. Pas seulement pour son talent musical, mais pour la visionnaire et businesswoman qu’elle est. Elle prouve que « venir d’une petite île n’est pas un handicap pour rêver grand ». Incontestablement l’une de mes séries préférées : Bridgerton . C’est une série qui met en avant des femmes fortes, reines de leur propre destin, et qui valorise la solidarité féminine. J’aime aussi sa représentation inclusive : on y voit des personnages de toutes origines — indiens, noirs, blancs, chinois … sans jamais stigmatiser les cultures. Au contraire, elles sont célébrées, comme avec Kate Sharma et sa culture indienne dans la saison 2. Ce que je trouve aussi brillant, c’est l’ambiance musicale : des morceaux pop ou actuels réinterprétés en version classique, ce qui donne une identité unique à la série. Bridgerton réussit à mêler élégance, diversité et modernité, tout en faisant rêver.