Le 26 juillet 2024, le Théâtre des Terrasses de Gordes accueillera "Les Olympiades de l'opéra", un concert réunissant à la fois des artistes prestigieux et des talents émergents de la scène lyrique pour célébrer les 50 ans d'opéra de Raymond Duffaut. À cette occasion, Raymond Duffaut, ancien président du CFPL (Génération Opéra), et ancien directeur de l'Opéra d'Avignon et des Chorégies d'Orange revient sur sa carrière et les spécificités de ce concert événement.
Le vendredi 26 juillet, le public Gordien sera rassemblé pour une soirée lyrique qui marque les 50 ans de votre carrière, pouvez-vous nous dire quelques mots sur cette soirée ?
Quelques artistes amis m’ont successivement appelé pour m’indiquer qu’ils auraient le souhait de pouvoir fêter mes 50 ans d’opéra - j’ai été nommé à Avignon en juin 1974 ! -. Et c’est ainsi qu’est née cette soirée-anniversaire à laquelle n’ont cessé de s’agréger de nouveaux noms et dont la date a été fixée, en fonction de la liberté des uns et des autres, au 26 juillet - jour de la cérémonie d’ouverture des Jeux - d’où le titre des « Olympiades de l’Opéra » que nous avons retenus.
Ce concert réunit plus d’une trentaine de chanteur.ses et pianistes de toutes générations : artistes professionnels habitués à chanter sur les plus grandes scènes et jeunes artistes émergents. Quel rapport entretenez-vous avez ces différents artistes ? Comment avez-vous choisi cette distribution ?
Au cours de ces cinquante années qui, pour moi, ne sont pas associées à une «carrière », mais sont bien plutôt la résultante de la passion que j’ai toujours portée à la Voix et de l’intérêt envers celles et ceux qui en sont les dépositaires, j’ai toujours eu à l’esprit la volonté de la découverte, de la promotion et de l’insertion de nos jeunes, et je pense avoir accompagné les participant(e)s à cette soirée à un moment de leur carrière et notamment à l’aube de celle-ci.
Quel bonheur de pouvoir offrir telle première fois sur scène, telle prise de rôle (y compris pour les plus chevronnés !), de pouvoir «construire » des distributions tenant compte des exigences dramatiques et vocales des personnages - c’est l’alpha et l’oméga de la mission d’un directeur... ou ça devrait toujours l’être ! -. Aussi, sont des rapports de confiance, puis de connivence, puis enfin d’amitié qui ont su se nouer naturellement, en toute évidence, entre nous et qui expliquent la formidable affiche de ce concert !
Quel regard portez-vous sur la nouvelle génération des chanteur.ses français, françaises aujourd’hui ?
Si l’on avait été inquiet voilà deux, trois, voire quatre décennies sur la présence de nos chanteurs sur l’échiquier international - certaines générations, hélas, ont pu être sacrifiées, tout en haut de la pyramide des opéras -, comment ne pas être heureux des générations actuelles qui portent haut le chant français face à une mondialisation exacerbée, même si certaines tessitures méritent encore d’être confortées et si certains répertoires ne peuvent encore être complètement assurés. Mais il faut que nos programmateurs soient eux-mêmes persuadés, avec un peu de curiosité, avec parfois un peu d’audace, de savoir donner leur chance à tous nos jeunes interprètes : ils méritent cette chance et sauront s’en montrer dignes...
Que représente pour vous le fait de rassembler ces différents chanteurs ?
La réponse me semble découler des précédentes : des voix de qualité, qu’il s’agisse des artistes les plus reconnus ou de cette jeune génération, qu’il me semblait important d’associer sur une même affiche. Un gage magnifique de cette amitié qui s’est nouée entre nous, de l’émotion que je peux ressentir d’une fidélité qui ne s’est jamais démentie : c’est un cadeau inestimable !
Pouvez-vous nous dire quelques mots sur le programme artistique de la soirée ?
Le programme artistique, qui se construit patiemment au fil des semaines, comprendra airs, duos, trios, ensembles de tous les répertoires, restera toutefois et volontairement une découverte pour les spectateurs...et pour moi ! Ce programme qui aura été conçu en collaboration avec France Télévisions qui me fait l’immense cadeau de filmer le concert, en souvenir de toutes les (belles) collaborations que nous avons eues aux Chorégies d’Orange, à l’Opéra d’Avignon aussi, et bien évidemment avec "Musiques en fête", solidement installée dans le paysage audiovisuel !
Tout au long de votre carrière vous avez œuvré pour l’insertion et la détection des jeunes artistes lyriques, notamment par votre attachement à Génération Opéra (ex CFPL) en tant que Président. Pouvez-vous revenir en quelques mots sur votre parcours et les temps forts de votre carrière. ?
La direction du Cnipal à Marseille - Centre national d’insertion professionnelle malheureusement disparu aujourd’hui -, vingt cinq années de présidence du CFPL (désormais Génération Opéra), avec la création du Concours Voix Nouvelles et de grandes co-productions lyriques nationales, ma participation aux jurys de nombreux concours - celui d’Avignon porte sympathiquement mon nom - m’ont permis de toujours mieux appréhender les qualités qu’on exige d’un artiste, de toujours mieux connaître les servitudes d’un métier exigeant et difficile, mais aussi tellement fascinant et exaltant.
Ce que j’ai mis au service des maisons dont on a pu me confier la responsabilité pleine et entière - l’Opéra d’Avignon pendant plus de 40 ans, les Chorégies d’Orange pendant 35 ans - et des maisons auxquelles j’ai eu le bonheur d’être associé dans leur programmation lyrique : Massy, Reims, Vichy, Festival lyrique de Carpentras... Sachant que nous ne sommes, à un moment donné, qu’un passeur entre un compositeur, une œuvre, des artistes qui la servent...et un public dont je ne pourrais jamais oublier la confiance qu’il a toujours su m’accorder au fil de ces cinquante années : la plus belle des récompenses !