Interview L'Actu de Matthieu Walendzik

Baryton de la promotion GO 23/24, Matthieu Walendzik revient sur une saison riche en découverte ! Après un début d'année sur la scène de l'Opéra-Comique dans La Fille de Madame Angot, c'est sur la scène du Palais Garnier qu'ilm s'est illustrés dans Médée de Charpentier. Revivez sa saison et découvrez ses prochains projets !

Peux-tu revenir brièvement sur les différents projets de ta saison 2023/2024

Ma saison était celle de la diversité. J'ai commencé l'année à l’opéra-comique avec La Fille de madame Angot de Charles Lecocq, une opérette moins légère qu’il n’y parait et qui résonne terriblement avec l’actualité („ce n’était pas la peine de changer de gouvernement”...). J’ai retrouvé mes premières amours baroques avec Le Requiem de Campra, chef-d’œuvre de la musique sacrée française sous la direction experte de William Christie à la chapelle royale de Versailles et à la Pihlharmonie de Paris, que j’ai aussi eu la joie d’enregistrer et qui paraîtra bientôt en disque.
Toujours grâce aux Arts Florissants, j’ai aussi eu l’honneur de chanter sur deux scènes mythiques : celle de l’opéra Garnier puis au Teatro Real de Madrid.
Dans les moments importants, il faut citer aussi Le Requiem de Szymanowski, autre merveille de la musique sacrée, du XXe siècle cette fois. Plus récemment, ma prise de rôle dans Guglielmo de Così fan tutte de Mozart à la Chapelle musicale reine Élisabeth, un personnage qu’il me tardait de pouvoir côtoyer depuis longtemps. Aussi, de forts moments d’émotions lors de soirées caritatives auxquelles j’ai participé au profit de l’association Télévie (recherche contre le cancer), et de l’aide à l’Ukraine. Enfin je suis impatient de retrouver Carmen dans la belle mise en scène d’Andreas Homoki au festival d’Edimbourg dans quelques semaines. 

Medée Opéra Garnier (c) Elisa Harberer

Si tu devais retenir une seule production, laquelle choisirais-tu ? Peux-tu nous en parler ?

Chaque production est marquante pour différentes raisons, néanmoins l’expérience de Médée de Charpentier à l’Opéra Garnier avec William Christie restera à jamais dans ma mémoire. C’est une œuvre bouleversante, aussi bien par l’histoire que par la musique, et je suis reconnaissant à l’Opéra de Paris d’avoir eu l’audace de la programmer. J’y chantais plusieurs rôles, dont un très physique, celui de la Vengeance (qui sort des Enfers pour servir Médée). C’est émouvant de voir autant de corps de métiers du théâtre (musiciens, danseurs, techniciens, maquilleurs-coiffeurs, machinistes, accessoiristes…) mettre tout leur cœur et leur talent autour d’un même objectif de beauté. 

As-tu fait de nouvelles découvertes artistiques ? (Découverte d’un nouveau lieu de concert, travail avec de nouvelles personnes,découverte d’un rôle ou d'un ouvrage ... ? 

Un des moments forts était La Passion selon Saint Jean de Bach dans laquelle j’étais soliste en novembre 2023. Nous avons donné deux concerts, à Incheon (Corée du Sud) et à Tokyo (Japon) avec les Arts Florissants. Si l’intérêt des asiatiques pour la musique classique n’est plus à prouver, c’est toute autre chose que de présenter de la musique sacrée, dont le sujet n’a au demeurant aucune résonance dans leur propre culture. Et pourtant, la musique touche qui veut bien l’écouter. Même si l’histoire de la Passion ne leur était pour la plupart pas familière, il y avait dans la salle une qualité d’écoute d’une grande intensité, et je sais que bon nombre d’auditeurs ont été émus, aux larmes pour certains, lors du dernier chœur magnifique « Ruht wohl » notamment. Il faut dire que l’acoustique merveilleuse de la salle toute en bois du Tokyo Opera City y était pour beaucoup. Les murs « chantaient » avec nous, en nous accompagnant par leurs vibrations. 

affiche tournée Tokyo

Quels sont tes projets pour la saison 24/25? Peux-tu nous dire quelques mots à ce sujet ?

La saison 24/25 sera ma troisième après la fin de mes études au CNSMDP. Tout d’abord, je me réjouis de retrouver La Fille de Madame Angot pour une reprise à l’opéra de Nice. A l’automne, je chanterai le rôle du Fleuve dans une nouvelle mise eu scène des Fêtes d’Hébé de Rameau par Robert Carsen à l’Opéra-Comique et une distribution de très grand talent réunie autour des Arts Florissants. Puis, après les fêtes, je retrouverai mon cher Dancaïre dans Carmen, dans une mise en scène d’époque signée Romain Gilbert et dirigée par Hervé Niquet à l’opéra royal de Versailles. 
Enfin, nous fêterons en musique les 80 ans de William Christie dans une tournée allant de New York à Budapest, dans un programme taillé sur mesure pour cinq jeunes solistes et amis.